Pour bien soigner, il faut aimer les gens
Issu d’une famille modeste, né dans les Flandres maritimes, le professeur Pruvo dirige à partir des années 90, le service de neuroradiologie du CHU de Lille et intègre le pôle des neurosciences au sein d’une équipe pluridisciplinaire où se côtoient, au fil des années quelque 200 chefs de cliniques assistants et 600 internes de France et de l’étranger.
Lui qui est devenu médecin, par choix, parce qu’il comprend dès son plus
jeune âge le rôle que peut avoir le médecin généraliste, est une sommité du
monde médical, qui était là, samedi, à Burbure, à l’invitation de l’harmonie,
pour parler de musique et de cerveau, en compagnie de Simon Barnard, interne
qu’il avait sollicité pour l’accompagner.
Régulièrement à l’étranger pour donner des conférences, pour travailler ; en
région pour chercher, diriger, l’homme se démultiplie et avoue écouter beaucoup
de musique pour se calmer. Pour le reste, le professeur Pruvo a surtout parlé
de son métier de sa vision de la médecine, de l’éducation, de la place laissée
aux plus faibles. Son propos est sans équivoque : soigner c’est mettre l’humain
au centre des préoccupations. Il y a le malade, bien sûr, avec qui les
médecins, du généraliste au spécialiste, au chirurgien, doivent passer du
temps. Il y a aussi tous les personnels médicaux, les infirmières, les aide
soignantes, les secrétaires qui forment une équipe pluridisciplinaire et
fournissent un travail formidable qui doit davantage être valorisé. Comprendre
pour s’adapter, écouter pour soigner, s’émanciper pour décider, imaginer pour
innover sont les principes qu’ils prônent tout en affirmant qu’on ne peut pas
remplacer un médecin par de l’intelligence artificielle.
Pour un schéma régional d’imagerie médicale
Il faut se recentrer sur l’humain et ne pas forcément former des médecins sur
le seul critère de la sélection (et de la compétition) comme pour les
musiciens, au risque de conduire des étudiants sur le chemin du burn out
qu’il qualifie d’infarctus psychologique.
En médecine comme en musique, il faut savoir écouter les autres… et soi même.
Savoir préparer l’innovation dès le plus jeune âge et cela passe par la culture
et la connaissance qui fondent l’imagination. Au risque de tomber dans
une médecine (une musique) de la norme qui ne prendrait pas en compte que
chaque malade est particulier.
D’évidence très fier de sa région, ces Hauts-de-France au nom un peu trop
pompeux à son goût, il souligne qu’il y a chez nous de très bons médecins, de
très bons hôpitaux. Et de travailler à la création d’un projet régional
d’imagerie médicale, s’appuyant sur un CHU multipolaire (Amiens, Lille) qui
doit pouvoir compter sur les toutes dernières avancées technologiques. Cela ne
doit pas être réservé à la région Paca. Et de souligner l’importance des IRM, y
compris dans le traitement des maladies dites mentales sachant que, dit-il,
« une personne sur quatre va présenter un problème de santé mentale
dans sa vie ».
Dans quelques années, le professeur Pruvo qui a maintenant plus de 60 ans,
partira à la retraite et ce qu’il veut aujourd’hui, c’est assurer la
transition, la transmission aux plus jeunes (c’est vrai en médecine, c’est vrai
ailleurs) qu’il faut respecter, comme ils doivent respecter les anciens. Nous
avons tous à apprendre les uns des autres.
Quant à savoir quelle est l’influence de la musique sur le cerveau ?
Mystère. Aussi mystérieux que la composition de la 2e symphonie de
Beethoven… qui était sourd.- Philippe Vincent-Chaissac / Votre Info