Pourquoi Burbure va quitter Artois-Lys pour Artois Comm ?

Photo © PVC
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Que n’a-t-on entendu depuis que les conseils municipaux de Lillers et Burbure ont annoncé leur décision de quitter la Communauté Artois-Lys pour la Communauté Artois Comm, au bénéfice de la loi NOTRe portant sur la réforme territoriale.

La préfète du Pas-de-Calais avait dans un premier temps proposé que le Pays d’Aire, la Communauté Artois-Flandre et la Communauté Artois-Lys se regroupent pour former une nouvelle entité. L’idée n’était pas incohérente mais les élus des différentes collectivités concernées ont affiché des volontés différentes : Aire-sur-la-Lys s’est tournée vers Saint-Omer et Artois Flandre a souhaité et obtenu le fait de rester telle qu’elle est actuellement. Restait alors aux élus d’Artois-Lys à se déterminer… Contrairement à ce que l’on peut lire ou entendre, ici et là, Burbure et Lillers avaient depuis pas mal de temps déjà, envisagé la possibilité de se rapprocher du Béthunois et l’avaient clairement dit. D’aucuns ont certainement cru qu’entre l’intention et la possibilité de quitter Artois-Lys, il y avait un fossé qui ne pouvait pas être franchi… Eh bien si ! Lillers et Burbure iront bien à Artois Comm, ce qui a été validé à deux reprises par la CDCI (commission départementale de coopération intercommunale), d’abord à l’unanimité ensuite à une large majorité après le dépôt d’un dernier amendement.

La question du Saziral
Tout ceci n’a pas manqué de susciter de nombreuses interrogations, d’autant que la désinformation a quelque fois pris le pas sur l’information, attisant notamment l’inquiétude des personnels qui n’ont pas manqué, pour certains, de manifester bruyamment leur désapprobation. Fort heureusement, les choses se sont un peu calmées et c’est le moment qu’a choisi René Hocq, maire de Burbure, pour inviter la population à une réunion au cours de laquelle, il a expliqué pourquoi le conseil municipal de Burbure a choisi cette solution.
Mardi soir donc, il a argumenté et expliqué notamment qu’en restant à Artois-Lys, la commune de Burbure allait se priver de quelque 200 000 € qui lui reviennent de droit, de par son appartenance au Saziral, la Zone d’aménagement des  zones industrielles d’Auchel et Lillers, appelée à disparaître le 31 décembre prochain. Une donnée importante, qui a pesé dans la décision finale, mais qui n’est pas la seule.

Besoin d’urbanité
René Hocq a expliqué, entre autres points, que Lillers et Burbure ont des besoins qui relèvent de l’urbanité, notamment en termes de transports, une compétence que la communauté Artois-Lys n’a pas. Comment accepter que des bus de ligne fassent demi-tour à l’entrée de la commune ou qu’ils la traversent portes fermées, alors qu’il y a toute une population qui souffre aujourd’hui d’un manque de mobilité. Et d’émettre le souhait que le projet de bus à haut niveau de service, attendu sur Artois Comm, puisse être prolongé jusqu’à Lillers (le projet prévoit qu’il s’arrête à Saint-Pierre-lez-Auchel) , véritable pôle administratif, pour les habitants de Lillers bien sûr, mais aussi d’Auchel et Burbure. Logique en termes d’aménagement du territoire.
L’eau est semble-t-il aussi un enjeu important car aujourd’hui les investissements pour l’assainissement des communes d’Artois-Lys sont au point mort. Les habitants qui bénéficient du service paient déjà très cher leur mètre-cube d’eau potable, pour le faire fonctionner. Pour René Hocq on ne peut pas les taxer davantage pour financer d’autres travaux. À l’inverse, intégrer Artois Comm impliquera davantage de mutualisation et permettra de faire baisser le coût de l’eau et de l’assainissement.

Financement des équipements communautaires
Enfin, il a été question de financements pour des équipements communautaires… Est-il logique que Lillers soit seule à financer une piscine qui profite aux habitants de toutes les communes environnantes ? Pour Artois-Lys, c’est la question de la compétence sport qu’il faut ou ne faut pas prendre… A Artois Comm, elle ne se pose plus : elle l’a.
Dans le même ordre d’idée, pourquoi Lillers est la seule commune du territoire à avoir financer l’aire de covoiturage à la sortie de l’autoroute, alors qu’elle profite aux usagers de tout le territoire (parfois au-delà).
Tous les arguments développés par René Hocq sont évidemment recevables : « nous ne sommes pas là pour préserver un intérêt personnel mais l’intérêt de notre population, dit-il… Nous avons pris nos responsabilités ». En substance, il explique que rejoindre Artois Comm, c’est l’assurance pour les contribuables de payer moins d’impôts (part intercommunale s’entend) pour plus de services et de voir la commune accompagnée dans ses projets pour le bien-être de la population.
Reste qu’il y aura bien évidemment quelques habitudes à changer… Surtout si les 19 communes restantes d’Artois-Lys s’arcboutent sur leur position. Pour lui, et pour d’autres, le mieux aujourd’hui, serait qu’elles rejoignent Lillers et Burbure dans leur démarche, pour intégrer elles aussi la Communauté Artois Com. Pour la Communauté de communes de Nœux et environ qui a fait le pas, les choses se sont bien passées… Les locaux de la communauté de Nœux constituent désormais une antenne de celle d’Artois Comm et les personnels n’y ont pas perdu. Pourquoi en serait-il autrement pour Artois-Lys ?- Philippe VINCENT-CHAISSAC

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