Urbain Diolé, militant communiste et déporté en Algérie

Mercredi 10 novembre, la salle Lagache était le cadre d’une conférence donnée par l’historien Georges Sentis et le journaliste Jacques Kmieciak… Avec des questions qui restent posées : quelle a été le vécu et l’action d’Urbain Diolé lorsqu’il a été déporté en Algérie ?

Une bonne partie de la famille d’Urbain Diolé était présente mais les points d’interrogation n’ont pas franchement été levés. En préambule à l’intervention des deux orateurs, René Hocq, maire, a livré quelques-uns de ses souvenirs. Gamin, il suivait son père « dans ses engagements » et a côtoyé Urbain Diolé à cette occasion. « Il a marqué ma jeunesse » explique René Hocq qui ne serait sans doute pas maire de Burbure depuis maintenant 32 ans, s’il n’avait pas fréquenté la Maison du Peuple et l’arrière salle du café que tenait Urbain Diolé sur la place sur la place du Rietz. C’était là que se tenaient les réunions syndicales et politiques. René Hocq se souvient qu’Urbain Diolé militait pour le développement de la culture et du sport, créant une section cross affiliée à la FSGT et organisant des plateaux sportifs, ainsi qu’une Fête de la Jeunesse très suivie par la population.

MILITANT ET MAIRE
À ces souvenirs d’enfance du premier magistrat, Jacques Kmieciak ajoutait quelques éléments de la vie d’Urbain Diolé, né en 1899, mort en 1965, membre du Parti communiste dès 1921, militant syndical au N°2 des mines de Marles. Autant d’éléments qui sont bien connus. Ce qui l’est moins, c’est donc ce qu’il a vécu durant la Seconde guerre mondiale. Ayant refusé de répudier le pacte germano-soviétique, il a été placé sur la liste des indésirables de République. Et c’est à ce titre qu’il a été arrêté le 27 février 1940. Georges Sentis, historien du sud de la France mais qui connaît bien notre région pour y avoir enseigné, s’est attaché à planter le décors de l’époque : la montée de la xénophobie depuis les années 1930, la remise en cause des acquis du Front populaire, l’apparition du phénomène des apatrides avec « des juifs qui ne sont pas allemands » ou des Républicains espagnols destitués de leurs nationalité… La réactivation du livret S aussi. S pour Suspect antinational. En 1938, la loi sur les étrangers prévoit que ceux qui ne peuvent pas être renvoyés chez eux seront internés administrativement dans des camps de concentrations.

DÉPORTATION EN ALGÉRIE
Ces « indésirables » ont dès le début de la guerre étaient rejoints par nombre d’élus communistes, maires, députés ou responsables syndicaux. Urbain Diolé en faisait partie, d’abord interné à Seclin, dans une annexe du centre de séjour surveillé de Seclin. Lorsque les Allemands sont entrés en France, la question de ces prisonniers politiques s’est très vite posée. En mai 1940, la situation était catastrophique dans le Nord de la France… Il semble qu’Urbain Diolé ait fait partie d’une colonne de prisonniers qui a rejoint Dunkerque à pied afin de gagner Cherbourg par voie maritime (via l’Angleterre) puis de rejoindre les camps du Sud de la France. Quel a été le vécu d’Urbain Diolé durant les semaines et les mois qui ont suivi ? La question reste posée. Le livre* de Georges Sentis nous éclaire un peu mais rien de précis le concernant. Toujours est-il qu’il a été déporté dans le Sud algérien où là encore il est encore bien difficile de connaître son parcours et son vécu avec précision. Sa date de libération n’est pas connue, pas plus que celle de son retour en métropole. Avant de rentrer à Burbure, il se peut qu’il ait agi auprès des forces progressistes algériennes. Dans quelle mesure ? Aujourd’hui seules archives qui restent à ouvrir permettront sans doute d’en savoir plus car la famille d’Urbain Diolé n’a visiblement pas les éléments de réponse. Un travail passionnant à venir pour les historiens locaux dont la mission sera de reprendre ce qui est dit et écrit, de repartir à la source des informations et dénouer l’écheveau… Sachant que d’autres élus communistes du secteur ont connu le même sort : Marcel Grébaut à Cauchy et Ambroise Chatelain à Divion.- Philippe VINCENT-CHAISSAC / Votre Info pour Burbure actu

Jacques Kmieciak et Georges Sentis. Photo du haut : les historiens en compagnie de la famille d’Urbain Diolé et de René Hocq. © Votre Info pour Burbure actu.

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