Appel à l’indignation et à la résistance

L’avenir dira si la réunion qui a eu lieu samedi à Burbure comptera vraiment dans l’histoire de la résistance qui s’organise. Mais a minima, l’on peut considérer qu’elle fait partie d’un processus qui ne devrait pas s’arrêter et qu’elle marquera la vie des prêtres ouvriers qui ont reçu le soutien d’une assistance faite de syndicalistes, de militants associatifs, d’élus, de citoyens tout simplement, qui demandent aux autorités religieuses d’envoyer encore des prêtres et des sœurs, partager la vie des travailleurs. Parce que les prêtres ouvriers et les sœurs au travail confèrent au coude à coude et aux solidarités agissantes qui construisent la fraternité.

En fait c’est un véritable collectif de gauche qui s’est retrouvé samedi à la salle polyvalente. Des gens qui militent au quotidien, chacun dans leur domaine, auprès des travailleurs, dans les entreprises, auprès des sans papiers et des migrants, dans les quartiers populaires et les villages, auprès des jeunes, des handicapés, là où il y a du chômage et de la misère sociale. Des témoins qui n’ont que faire des étiquettes, qui sont désireux de s’unir pour organiser la résistance. Un concept qui nous ramène quelques décennies en arrière lorsqu’il fallait s’unir pour résister au nazisme et au fascisme. Une comparaison qui n’est même pas trop forte puisque l’introduction de cette journée était un résumé du film de William Perret, Walter Retour en résistance, où l’on voit l’ancien résistant et diplomate Stéphane Hessel, témoigner de son indignation et appeler à l’insurrection pacifique.

Les débats ont été menés par Henri Tobo en présence de René Hocq.

Résister aux logiques capitalistes
Mais résister à quoi ? Aux logiques capitalistes et patronales qui mettent l’homme au service du profit, qui piétinent la dignité humaine, qui isolent les gens au travail… Aux medias qui n’ont plus qu’une seule voix. A l’actionnariat. Etc. Toutes celles et ceux qui se sont exprimés, qui ont témoigné de leur vécu, ont montré que la résistance, la solidarité et le combat peuvent payer. Ici c’est une entreprise qui s’est implantée dans un quartier dit défavorisé et qui crée de l’emploi, là c’est un soutien à des migrants qui vivent dans des camps de fortune, ailleurs encore à un étranger qui a pu obtenir des papiers en règle ou un salarié qui a pu faire valoir ses droits au tribunal des prud’hommes, etc. Autant d’exemples qui démontrent que l’indignation est efficace lorsqu’elle se transforme en action collective. Reste que l’action quotidienne n’a pas toujours besoin d’être spectaculaire pour participer à la résistance de tous les jours. Il est des comportements « tout simples » à adopter pour résister. Exemples : refuser de passer aux caisses automatiques dans les grandes surfaces, acheter ses timbres au guichet de la poste, rappeler que dans les services publics nous ne sommes pas des clients mais des usagers, dire ce que l’on vit, aller voir les députés, etc. Et dans tous les cas, rompre l’isolement en allant vers les gens, en leur parlant…

L'artiste Thomas Suel est venu prêté son concours.

Des phrases fortes
Tout au long de la journée, des phrases fortes ont été prononcées : « Créer c’est résister, résister c’est créer » ; «Partager la vie ouvrière tisse des liens»; « Chacun d’entre vous doit avoir son motif d’indignation » ; « L’exaspération traverse le monde du travail » ; « Passer à l’offensive sans attendre les réformes globales » ; « On éprouve plus de plaisir à donner qu’à recevoir » ; « On ne laisse pas aux jeunes le droit de se tromper » ; « L’Humain doit être au centre de tout » ; « Avec Guéant, ça s’aggrave et ça se combat » ; « On est petit mais on vaut autant qu’eux » ; « Ne pas se prendre au sérieux ne veut pas dire qu’on ne sache pas faire les choses sérieusement » ; « Un gramme d’action vaut mieux qu’une tonne de baratin »… Et cette phrase admirable d’un prêtre ouvrier : « Nous avons évangélisé la classe ouvrière ; la classe ouvrière nous a humanisés ».
Reste maintenant à structurer toutes les bonnes intentions… A « re-semer dans la terre ouvrière ». A se rapprocher des jeunes aussi, prêts à réagir mais qui « n’aiment pas les leçons d’anciens combattants ».  A faire de la politique enfin, au sens noble du terme car « Faire de la politique n’est pas un gros mot ». Et tout cela en rejetant les étiquettes que certains voudront immanquablement coller au mouvement. « Etiquette barrière, étiquette frontière, étiquette prison », chante Valérie Lagrange…- Texte et photos : Philippe Vincent-Chaissac

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