Humeur d’un 1er mai en confinement

Cela fait des mois, des années que la situation sanitaire se dégrade en France. Cela fait des mois, des années que les déserts médicaux gagnent du terrain. Cela fait des mois des années que les personnels de santé, certains élus aussi, dénoncent la situation, alertent l’opinion et se battent pour se faire entendre. En vain. Toujours plus d’hôpitaux fermés, toujours plus de lits supprimés, toujours plus de postes de soignants non remplacés. Avec une souffrance au travail toujours plus intense. Et des salaires de misère pour toutes celles et ceux qui, au quotidien, s’occupent des malades dans les hôpitaux, des personnes âgées placées dans les Ehpads ou maintenues à domicile. Grèves, manifestations, lettres ouvertes dans la presse, déclarations fortes à la télévision, rien n’y a fait. Nos gouvernants ont (peut-être) entendu, parfois écouté, mais, exception faite de quelques mesurettes pour contenir une colère grandissante, rien n’a été fait. Peu de monde a finalement voulu voir ce qui se jouait, y compris dans une population trop heureuse de pouvoir continuer à se payer son hamburger préféré, à dépenser ses sous dans les bazars géants ou dans les boîtes à rêves illusoires, à se satisfaire des débilités de la télé.
Aujourd’hui, tous les professionnels de santé travaillent d’arrache pied pour sauver nos vies, souvent au péril de la leur, faute de protections suffisantes. De grincheux ou contestataires agaçants, ils sont passés à un statut de héros de la nation qu’ils n’ont jamais réclamé. Sûr qu’ils auront même le droit à quelques primes pour les récompenser de leur investissement…
Aujourd’hui que la peur d’être rattrapé par le Covid-19 s’est emparé de nous, les messages de soutien, les applaudissements quotidiens sont devenus la règle. Enfin la prise de conscience ! Mais attention, cela ne suffit pas. Demain lorsque le coronavirus et le Gouvernement nous aurons rendu ce qui reste de notre liberté, lorsque les soignants auront pris le repos qu’ils méritent, il faudra descendre des balcons et des terrasses pour rejoindre celles et ceux qui ne manqueront pas de dénoncer tout ce qui a fait défaut durant cette crise sanitaire majeure et de réclamer les  moyens dignes d’une puissance économique comme la nôtre.
Il faudra aussi rester vigilant sur le long terme car nos gouvernants qui voudront éviter l’explosion sociale, feront des promesses, trouveront des budgets. C’est sûr ! Mais il faudra que cela se concrétise, et vite. Il faudra que tout ce qui sera donné demain, ne soit pas insidieusement repris après-demain. Souvenons-nous de ce qu’il est advenu aux mineurs qui ont gagné la bataille du charbon… N’oublions pas, en ce 1er mai, que rien ne peut se faire sans toutes celles et tous ceux qui vont au travail tous les jours. Du professeur émérite de médecine à l’aide soignante, du grand patron de grandes surfaces au manutentionnaire et à la caissière, de magnat du BTP à l’ouvrier qui tient le marteau piqueur, etc., nous sommes tous interdépendants les uns des autres et avons tous le droit de vivre avec un revenu décent. De vivre et pas de survivre.- Philippe Vincent-Chaissac

En janvier dernier, manifestation des hospitaliers de Beuvry… Une poignée d’hommes et de femmes qui réclamaient des moyens pour l’hôpital. Demain, ils devront recevoir le soutien actif des populations. Sans doute la meilleure façon de les remercier pour leur investissement et leur professionnalisme durant la crise sanitaire que nous vivons. Photos © PVC / Votre Info

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