Anicet Bart : la rime en ique

Cela faisait plusieurs années déjà (ici en 2013) qu’Anicet Bart prenait la baguette pour diriger l’harmonie. Photo © PVC / Votre Info

Musique, musique, musique… Toute la vie d’Anicet Bart tourne autour de ça : la musique. Même les études, de mathématique et informatique, ont été organisées en fonction, avant la parenthèse symphonique… en Loire atlantique.

À 28 ans, le cadet de la fratrie des Bart sort un peu la tête de l’eau après avoir connu une année fertile en événements puisqu’il a passé avec succès une thèse de doctorat en informatique et pris la succession de Gilles Foulon à la direction de l’harmonie Avenir. Deux moments importants dans sa vie, lui qui a toujours voulu, et réussi, à jouer sur les deux tableaux, assurant son avenir professionnel tout  en faisant de la musique, en amateur mais avec une approche professionnelle.

DÉBUTS À LA BATTERIE
Quand on s’appelle Bart et qu’on habite Burbure, la musique est incontournable. Comme ses frères, Anicet a connu l’éveil musical a l’école municipale de musique où il a appris le solfège, et la batterie à la demande de son père parce qu’il manquait de « percus ». « J’avais 8 ans, se souvient-il, et j’ai eu la chance d’avoir un prof de batterie Agostini qui venait donner quelques heures de cours à Burbure… Et j’ai été vite pris ». Envoyé au conservatoire de Bruay, dans la classe de « percus » de Jean-Louis Delebarre (qui est maintenant professeur à Burbure), Anicet Bart a alors fait de la musique tous les jours, poursuivant son apprentissage du solfège à Burbure avec Gilles Foulon, jouant dans les orchestres de jeunes, préparant les épreuves régionales, suivant les cours de batterie. C’était tous les soirs et le samedi à Bruay de 9h à 15h. Une véritable boulimie qui lui a très vite fait tourner le dos au sport, au contraire de ses frères Amaury et Corentin. « À partir du collège, j’ai fait le choix du toujours plus ». Lorsqu’il est arrivé en 3e, s’est posée la question de savoir s’il serait musicien professionnel ou pas ? « J’ai fait le choix de garder la musique comme loisir en ayant la volonté d’aller le plus loin possible dans l’apprentissage pour atteindre un niveau qui soit quasiment celui  d’un professionnel ».
VACANCES MUSICALESTout au long de son jeune parcours, Jean-Louis Delebarre a beaucoup compté pour Anicet Bart : « c’est lui qui a construit ma vie de musicien et ma façon d’être ». Aujourd’hui à la tête de l’harmonie, perché sur son estrade, Anicet se souvient qu’en étant plus jeune, c’était un garçon plutôt effacé, timide : « la pratique des ‘’percus’’ m’a aidé à extérioriser des choses… Fallait taper fort pour que l’émotion sorte ».
Fréquentant le lycée Anatole-France à Lillers pour préparer un bac, Anicet Bart n’a jamais ralenti son activité musicale qui se prolongeait durant les vacances. Tous les étés, avec ses frères, il y avait le stage avec l’orchestre de la fédération Nord – Pas-de-Calais. Il a aussi participé à deux sessions de l’Orchestre national d’harmonie des jeunes de la fédération, à Limoux et Amiens. « Pour moi, c’était l’occasion de jouer sous la direction d’un chef professionnel avec des musiciens qui veulent faire de la musique leur métier ». Et c’est à ce moment là qu’il a commencé à s’intéresser à la direction.

LICENCE ET MASTERS EN POCHEBac S en poche, Anicet Bart s’est vu proposer une classe prépa… « J’ai dit non parce que je n’aurais pas pu continuer à faire de la musique ». Il est donc parti à la faculté Jean-Perrin à Lens pour préparer une licence de mathématique et informatique. « Cela me permettait de rentrer tous les soirs par le train pour faire de la musique »… Jouant toujours sur les deux tableaux, il obtenait un 2e prix au concours d’excellence tambour à Paris et sa licence avec mention très bien. Pas de raison de changer quoi que ce soit à la méthode de travail. Par dérogation, il obtenait le doit de préparer deux masters en même temps, en intelligence artificielle, l’un plus orienté sur le monde professionnel, l’autre sur la recherche… Qu’il a tous les deux obtenus. La recette de la réussite ? «Beaucoup d’organisation, l’optimisation du temps scolaire pour pouvoir passer en mode musique le soir», explique-t-il. Même les stages effectués en entreprise, chez Roquette, au CNRS à Lens, chez Bridgestone et à Dublin, pendant cinq mois, n’ont pas diminué son appétit musical, rentrant à Burbure chaque fois que possible et aussi souvent que nécessaire

PARENTHÈSE SYMPHONIQUE
Dans le cursus universitaire, après le master vient le doctorat. Trois ans de plus en études qui, cette fois, l’ont obligé à quitter la région pour s’installer à Nantes où il y a, devinez quoi, des orchestres pour faire de la musique : deux orchestres symphoniques (l’un amateur avec 70 à 80 musiciens, l’autre étudiant) et un orchestre baroque avec musiciens professionnels et chœur amateur. Anicet y a tout de suite trouvé sa place. « Le chef d’orchestre Thierry Bréhu m’a pris sous son aile » dit Anicet Bart. Et avec lui, il a connu des expériences musicales importantes, d’abord comme musicien puis en prenant la baguette (le temps d’une indisponibilité) dirigeant l’Orchestrale 44 pour la symphonie n°2 de Brahms : « une œuvre consistante, avec une densité de matière à comprendre pour la transmettre aux musiciens ». Et puis il y a eu ce concerto N°1 pour Marimba et orchestre d’Anders Koppel, œuvre réputée très difficile avec de très jolies couleurs, jouée devant sept cents personnes, où Anicet Bart était le soliste (à quatre baguettes).

RETOUR DANS LE NORD – PAS-DE-CALAIS
S’il avait voulu, notre talent burburain aurait trouvé sa place en Loire atlantique d’autant qu’il a soutenu avec brio sa thèse de doctorat avec comme sujet : « modélisations et résolutions par contraintes des problèmes de vérifications ». En clair cela permet de contrôler si un système informatique plante ou pas. C’était là le point final de son cursus universitaire qui, durant les trois années passées en Loire atlantique, l’ont aussi vu enseigner, faire de la recherche et rédiger des papiers scientifiques dont deux ont été présentés lors de conférences internationales… Et tout ça en anglais. Mais à Burbure, le directeur de l’harmonie, Gilles Foulon, voulait passer la main après le concours de classement à Calais… C’était le moment de rentrer dans le Nord – Pas-de-Calais, pour à la fois trouver un emploi et prendre officiellement la direction de l’harmonie Avenir ce qu’il avait déjà fait par intermittence.
Là encore les choses se sont faites naturellement. Anicet Bart a élu domicile dans le Pas-de-Calais, à mi chemin entre la région lilloise, travaillant chez ADEO (communauté d’entreprises et d’enseignes du bricolage) dans le domaine de l’utilisation des données… et Burbure où il était attendu.

À LA BAGUETTE
À la rentrée de septembre les membres de l’harmonie ont donc accueilli leur nouveau chef qui a d’abord marqué son territoire. « C’est difficile de passer derrière un chef comme Gilles Foulon dont le métier était la musique… Je me dois de proposer au moins ça et je le prends comme un très bon exercice », dit Anicet Bart qui n’a pas du tout la même technique de direction. Il utilise la baguette (pas Gilles) et veut le silence qu’il réclame parfois en tapant sur son pupitre. L’abord de la froideur du matheux a sans doute un peu étonné au début mais c’est pour un bien, et nul doute qu’il saura prolonger l’extraordinaire travail déjà réalisé par son prédécesseur.- Philippe VINCENT-CHAISSAC / Votre Info

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